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Ca va mieux en le disant !
25 juin 2013

DOUCE FRANCE, POURQUOI NOS WEEK-ENDS SONT POURRIS ?

Joseph Macé-Scaron - marianne.fr

"Dimanche dernier, les habitants de Villeneuve-sur-Lot avaient le choix entre un candidat de l’ultradroite ou de la droite ultra. Entre le frontiste Jean-Louis Costes et l’UMP, Etienne Bousquet-Cassagne…
Euh, non, c’est l’inverse, je crois. Avouons qu’il est devenu de plus en plus difficile de séparer, aujourd’hui, la fusariose de la rouille brune tant les discours et parfois même les parcours politiques se ressemblent.
Avant c’était simple, il y avait les trois droites si chères à René Rémond qui ont formé des générations d’étudiants en histoire et en sciences politique : les orléanistes, les gaullistes, les légitimistes : c’était beau comme un ordonnancement d’un jardin à la française.
Aujourd’hui, la jungle et les tribus du FN et celles de l’UMP se disputent le terrain électoral. La France de François Hollande est un peu comme la Hongrie de Viktor Orban, pays qui a éliminé les socialistes et où seules demeurent face à face la droite et l’extrême droite. Il paraît que certains continuent de s’interroger sur le bien-fondé de poursuivre à défendre ou non l’idée d’un front républicain. Il paraît aussi que le 29 mai 1453 sur les murs de Constantinople, certains dissertaient sur le sexe des anges mais cela n’est pas attesté. Le front républicain, aujourd’hui, ressemble de plus en plus au couteau de Lichtenberg : « c’est un couteau sans manche auquel ne manque que la lame ».
Week-end, donc. D’après l’agence Reuters, deux jeunes, âgés d’une vingtaine d’années, qui assistaient au festival de rock alternatif de La Prairie du Pont Canal à Agen (Lot-et-Garonne) ont été violemment agressés dans la nuit de samedi à dimanche par un groupe de sept personnes de la mouvance d'extrême droite bonehead, munis de poings américains et d’une matraque.
Certains seraient connus pour être proches du groupuscule d'extrême droite « Troisième voie », mis en cause lors de la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric à Paris début juin (Jean-Marc Ayrault a lancé une procédure de dissolution contre ce groupe). L'une des victimes d'origine maghrébine a subi également des insultes racistes. Son état de santé a justifié un arrêt de travail de quinze jours.
Tiens, ce même week-end, la stèle du Chevalier de la Barre, haute figure de la lutte contre l’obscurantisme religieux a été vandalisée à Abbeville. Le sigle de l'Institut Civitas, émanation des catholiques intégristes qui s’est distingué récemment pour ses prières de rue contre la loi Taubira, ayant été inscrit sur le monument, a-t-on appris samedi auprès de la mairie. Jean-François Lefebvre, dit le Chevalier de la Barre, avait été torturé et décapité en 1766 à Abbeville à l'âge de 19 ans pour avoir, « omis de saluer une procession » religieuse.
Par ailleurs, la vitrine du local du Parti socialiste, toujours à Abbeville a été la cible de projectiles, comme beaucoup d’autres permanences ces derniers temps du PS, ce qui ne provoque rien. Il est vrai que quelques week-ends plus tôt, des identitaires avaient occupé le siège du parti.
Ce week-end toujours, « Les couples imaginaires », des photos en noir et blanc d'Olivier Ciappa montrant des couples homosexuels fictifs, exposées sur les grilles du square du Temple, à Paris, ont été tailladées et lacérées plusieurs fois, notamment au niveau du visage. L’artiste a choisi de réimprimer ses œuvres et de les exposer, ce mercredi, en les mettant à côté des œuvres vandalisées. Un bon sujet de réflexion. Pour Ciappa : « Beaucoup disaient ces derniers temps que non, il n'y avait pas d'homophobie ; Frigide Barjot joue à l'idiote : elle dit que dans La manif' pour tous, il n'y a pas d'homophobie. Je les ai faites, ces manifs. J'y ai entendu des discours absolument odieux. Il y a une homophobie gigantesque à Paris aujourd'hui. »
Bien sûr, on nous dira que ces événements sont à ranger dans la rubrique « faits divers », qu’il ne faut pas pratiquer les amalgames (surtout ne pas confondre les catholiques identitaires et les identitaires cathodiques), que cela relève du hasard (c’est fou comme le hasard, ces derniers temps, s’habille en vert de gris quand il sort de chez lui.
Pourquoi nos week-ends sont en ce moment tous pourris ? Sans doute, parce que nous n’arrivons pas à nous résoudre à faire le lien entre tous ces événements qui, pris séparément, nous choquent mais qui, rassemblés, nous convaincraient que l’atmosphère est de plus en plus étouffante."
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