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Ca va mieux en le disant !
8 janvier 2013

AUDREY PULVAR ET CLEMENTINE AUTAIN AGRESSENT MISS FRANCE : DU MEPRIS DE CLASSE ?


Bruno Roger-Petit sur lenouvelobs.com

"La dernière de la (regrettée) émission Vous trouvez ça normal, sur France 2, accueillait Miss France 2012, Marine Lorphelin. Ce qui devait être une participation télévisée de plus, sympathique et bon enfant, destinée à partager le moment Miss France qui, par tradition accompagne les fêtes de fin d'année, s'est transformée en procès télévisuel devant le tribunal populaire de la Gauche féministe.
Les élites françaises en mode "mépris de classe" : édifiant
Certes, en apparence, l'événement qui nous préoccupe en ce billet n'est qu'une anecdote, un moment de télévision et rien d'autre. Mais si on l'ausculte avec méticulosité, si on en extraie la substantifique moelle audiovisuelle, il met en relief tous les travers de certaines élites françaises lorsqu'elle se mettent à fonctionner en mode mépris de classe.
Car sur le plateau où l'excellent Bruce Toussaint accueillait Miss France, se tenaient, de dressaient même, ces figures indispensables de la gauche ultra et féministe que sont Clémentine Autain (chroniqueuse régulière de VTCN) et Audrey Pulvar, ex-directrice des Inrocks (ce qu'elle était encore quand l'émission fut enregistrée la semaine passée).
En un clin d’œil, on vit se mettre en branle la même mécanique déjà observée quand Philippe Poutou débutait dans la vie publique (et déjà face à Audrey Pulvar, dans On n'est pas couché, sur France 2) : par une sorte d'alchimie assez étrange, les représentants des classes populaires, ou d'une certaine culture populaire, qui accèdent d'un coup à une large notoriété, sont systématiquement moqués, dénigrés, vilipendés et agressés par des représentants de la gauche politique et médiatique institutionnelle qui s'empressent de leur contester légitimité et représentativité, les renvoient à leur extraction ou leur incarnation populaire au nom même de la représentation de valeurs de gauche, incroyable paradoxe.
Miss France sur le banc des accusés : trop facile
Bref, la sympathique Marine Lorphelin, d'invitée de Bruce Toussaint, devint aussitôt l'objet d'un procès engagé par Clémentine Autain, figure emblématique de la gauche de la gauche mélenchoniste, et Audrey Pulvar, figure de proue éditoriale de la gauche sociétale anti-socialiste : "Accusée Miss France, levez-vous !"
Comme il se doit, c'est au nom du féminisme, de la condition de la femme, de l'image de la femme, de la libération de la femme que le procès fut mené.h_20_2371007_1295017985
Clémentin Autain commença par s'en prendre, sourire méprisant à l'appui, au phénomène Miss France : "L'institution me parait datée, surannée", façon élégante de signifier à Marine Lorphelin qu'elle vit dans un temps dépassé et incarne des valeurs mortes, pauvre fille...
Puis, elle entreprit de dénoncer le caractère représentatif de l'élue : "Je ne sais si c'est super de désigner une femme en dehors de tout processus démocratique qui représente la France dans le monde", formule assez évocatrice d'une conception un rien "stalinienne" ou "chavezienne" (donc mélenchoniste ?) de la représentation étatique de la culture pensée pour le peuple par son élite avancée : "Des Miss qui représentent la France, oui, mais à condition d'être les ambassadrices du petit père des peuples", voilà ce que signifie en creux la formule.
Clémentine Autain s'est-elle seulement rendue compte du sens et de la portée de sa remarque ? On s'interroge.
Enfin le réquisitoire ne pouvait manquer de recourir à l'argument ultime : "Je ne comprends pas le sens de ce qui n'est pas autre chose qu'une tradition patriarcale". Miss France, Clémentine Autain, le féminisme et la gauche de la gauche te condamnent, car, à toi seule, tu incarnes vingt siècles de domination masculine.
Ce que c'est que la force de l'habitus chez celles et ceux qui sont les derniers représentants de la culture communiste et qui, encore et toujours, considèrent que le peuple de gauche pense mal, vit mal, agit mal et qu'il faut le corriger, sans relâche et sans vergogne...
Pulvar rappelle au peuple qu'il n'est finalement que... le peuple
La seconde partie du réquisitoire, fut l’œuvre d'Audrey Pulvar. Toujours au nom du féminisme, cette dernière entreprit de démontrer que la soirée d'élection Miss France tenait lieu d'Opium du peuple télévisuel.
"On est quand même dans un pays libre, hein ? Je suis une féministe prosélyte et engagée, mais en même temps, si c'est regardé par 9 millions de téléspectateurs, c'est très bien... " débuta Audrey Pulvar, renvoyant les 9 millions de Français à leur misérable condition, avant d'ajouter : "Je ne regarde pas, je ne trouve pas ça que ce soit effectivement épanouissant pour l'image de la femme, mais si certaines personnes y trouvent leur compte..."
Le sous-texte de la double remarque d'Audrey Pulvar est lui aussi révélateur d'un habitus de gauche fonctionnant en mode mépris de classe. De la même façon qu'elle avait expliqué à Philippe Poutou qu'il n'était pas équipé intellectuellement et rhétoriquement pour les joutes télévisuelles, Audrey Pulvar a renvoyé les 9 millions de téléspectateurs de la soirée d’élection Miss France à leur pauvre condition de personnes indifférentes au combat du féminisme, contemplateurs d'un spectacle peu ou "pas épanouissant pour l'image de la femme" mais y "trouvant leur compte".
Le ton et le propos étaient condescendants, voire méprisants, empreints de cette morgue propre à ceux qui s'estiment culturellement dominants car supérieurs. S'en est-elle seulement rendue compte, elle aussi ?
La culture populaire face à la violence sociale de la télé
Face à Miss France, Audrey Pulvar et Clémentine Autain n'ont pas dit "Salauds de pauvres", mais elles ont su signifier leur mépris de classe à l'encontre d'un symbole de la culture populaire française avec un talent et une assurance qui forcent l'admiration.
Décidé à venir au secours de Miss France, Guy Carlier, présent lui aussi sur le plateau, trouva les mots justes pour ramener le phénomène à sa juste dimension et rétablir Marine Lorphelin dans sa dignité de femme bafouée au nom du peuple, du féminisme, et de l'image de la femme : "Je ne vais pas aller dans la démagogie, mais Miss France, c'est comme Johnny qui nous accompagne depuis toujours..."
Ce petit moment de télévision fut en tout cas l'occasion de constater que les âmes charitables de la gauche de la gauche, lorsqu'elles expriment leur compassion à l'égard du peuple manipulé et égaré font parfois preuve de bien plus de violence sociale que les plus réactionnaires des réactionnaires.
Et de penser à ce mot, jeté par Danton à Robespierre, preuve que le débat interne à la gauche est ancien : "Tu veux faire le bonheur du peuple ? Mais est-ce que tu sais ce que c'est que le peuple ?"

 

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